Après avoir parcouru les festivals et remporté divers prix dont le prix spécial du jury au Festival du film de Carthagène, « El cuerno de la abundancia » du réalisateur cubain Juan Carlos Tabío (« Fraise et chocolat », « Lista de espera») arrive sur nos écrans cette semaine. Présenté du point de vue du personnage principal, Bernardito (Jorge Perrugorría), le film raconte en flash-back comment une histoire d’héritage laissé par des religieuses dans une banque anglaise au 18ème siècle vient secouer les habitants du village de Yaraguey portant le nom de « Castiñeiras ». Et alors que les démarches administratives se multiplient, les passions se déchainent… Derrière l'apparente légèreté de cette farce se cachent aussi quelques notes plus amères, car le peuple cubain, même si il semble n’avoir rien perdu de sa joie de vivre légendaire, souffre de la crise due à l’embargo américain. Ainsi, acheter un frigo ou une paire de chaussures pour son enfant est un luxe mais aussi un rêve pour la sœur de Bernardito. L’annonce d’un héritage inattendu représente donc un véritable espoir d’une vie meilleure pour tous les Castiñeiras. Malgré cet ancrage dans la réalité sociale, « El cuerno de la abundancia », contrairement aux œuvres précédentes de Juan Carlos Tabío, ne penche pas vers la critique sociétale et demeure entièrement dans le registre de la comédie, nous présentant une histoire qui respire la bonne humeur. La réalisation manque parfois de cohérence et la fin n’est pas tout à fait aboutie, mais dans l’ensemble, « El cuerno de la abundancia » reste un film attachant, en particulier grâce à la galerie de personnages truculents. En bref, une comédie rafraîchissante, amusante, et en plus, intelligente !